Le Barça, entraîné par le Franco-argentin Helenio Herrera à partir de 1958, parvient progressivement à ses fins. Après la quête de la coupe d'Espagne en 1957 et 1959 et des deux premières éditions de la Coupe des villes de foires en 1958 (face à une sélection londonienne en finale) et 1960 (face à Birmingham City), les Suárez, Kubala, Kocsis, Czibor, Evaristo, Eulogio Martínez, Villaverde, Olivella, Gensana, Segarra, Gràcia, Vergés et autres Tejada parviennent à briser la domination du Real sur la scène nationale en remportant le championnat en 1959 et 1960 (à la différence de buts)33. Mais battu en demi-finale de la coupe d'Europe des clubs champions 1960 par le Real Madrid (1-3, 1-3), le Barça voit son rival remporter un cinquième titre de champion d'Europe.
Les Barcelonais prennent leur revanche l'année suivante en devenant le premier club à éliminer les Merengues en coupe des clubs champions. Kubala, âgé de 34 ans, mène le club en finale, où malgré son statut de favori, il s'incline face au Benfica Lisbonne (3-2) lors d'un match spectaculaire et indécis34. Cette cruelle défaite marque profondément le club, qui ne parvient plus à remporter de titre majeur dans la décennie, que ce soit en championnat, où il subit la domination du Real Madrid, que lors des compétitions européennes. Les Blaugranas, qui terminent au sixième rang en Liga en 1963 et 1965, remportent malgré tout la coupe d'Espagne en 1963 et la Coupe des villes de foire en 196633.
En 1968, le FC Barcelone vit une année symbolique forte. C'est d'abord Narcís de Carreras, président nouvellement élu, qui dans son discours en janvier déclare « el Barça es més que un club » (en français : « le Barça est plus qu'un club »), en référence à l'identité catalane dont le club se pose en porte-drapeau33. La sentence devient la devise du club. Quelques mois plus tard, les Barcelonais dirigés par Salvador Artigas, ancien pilote de l'armée républicaine, s'offrent une nouvelle coupe d'Espagne en l'emportant en finale (1-0) sur le Real8, à Madrid et devant Franco.
Le président suivant, Agustí Montal i Costa, poursuit l'œuvre d'affirmation du catalanisme de son prédécesseur, poussant les limites imposées par la dictature de Franco ce qui conduira à un certain nombre de frictions avec les autorités33. Sur le plan sportif, il fait signer en 1971 l'entraîneur néerlandais Rinus Michels, le théoricien du « football total » qui vient de mener l'Ajax Amsterdam à la victoire lors de la Coupe des clubs champions européens 1970-1971. Celui-ci fait venir à l'été 1973 son ancien meneur de jeu Johan Cruijff, vainqueur du Ballon d'or en 1971 et considéré comme le meilleur joueur d'Europe, contre une indemnité de 60 millions de pesetas, un record mondial à l'époque35.
Cruijff en 1982.
La venue de Cruijff à Barcelone suscite un grand émoi chez les supporteurs catalans. Le Néerlandais est d'autant plus apprécié qu'il a déclaré avoir préféré signer pour le Barça plutôt que pour le Real Madrid, parce que celui-ci était soutenu par Franco18. Cette prise de position donne une aura extraordinaire à celui que les socis appelleront El Salvador (en français : « le Sauveur »)36. Le club, qui s'apprête à fêter son 75e anniversaire, n'a plus gagné la Liga depuis 1960, ce qui rend la pression populaire énorme. L'équipe barcelonaise ne peut cependant compter sur sa recrue qu'à partir du 28 octobre, pour de sombres problèmes politico-administratifs.

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